Déclarées "Trésor national" par le Ministère de la Culture en 2014, les archives d'Édouard Glissant constituent un fonds exceptionnel, qui sera bientôt mis à disposition des chercheurs. Un dossier, pour comprendre les données du processus.
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Une nouvelle rubrique du site, qui sera progressivement enrichie : les "Fiches pédagogiques", dont l'objectif sera de proposer des instruments didactiques et des synthèses consacrées à l'œuvre d'Édouard Glissant. Une série d'entrée thématiques qui fera l'objet d'un classement raisonné.
L’œuvre de Glissant est aussi un très imposant répertoire d’idées, dont il est nécessaire de maîtriser quelques-uns des repères clés. Retrouvez ici un essai de glossaire de certaines des notions phares de l’univers conceptuel de Glissant : du chaos-monde à l’utopie, les ellipses d’un tourbillon et d'une pensée en archipel.
On trouvera ici un classement par genres de l’œuvre protéiforme de Glissant, dans le souci d’une présentation raisonnée des ouvrages, sans oublier cependant le caractère profondément unitaire de ces écrits (ce par quoi, d’ailleurs, ils dessinent les arcanes d’une œuvre forte et dense, « œuvre œuvrée », comme l’aurait qualifiée Saint-John Perse).
Que n'a-t-on dit sur la prétendue "difficulté" de l'œuvre de Glissant ? Nul ne pourra nier que ses écrits sont exigeants, et requièrent du lecteur de se hisser au niveau d'une pensée très dense et très ample - et c'est justement ce qui en fait le prix. Mais il serait injuste d'en conclure à un quelconque hermétisme, quand il est surtout urgent de lire ou de relire Glissant, dont l'œuvre nous attend et nous oblige Elle nous devance dans ses prémonitions, nous guide en ses intuitions, à nous de savoir écouter la parole de ce poète-philosophe-essayiste-dramaturge-romancier qui dit un jour qu'il était un "déparleur". Quelques repères tout au plus au sein de cette rubrique, à propos d'une œuvre qui ne peut être "inventoriée" qu'au risque d'ignorer son éclatante opacité.
« Les pays que j’habite s’étoilent en archipels. Ils racontent
les temps de leurs éclatements. Quand nous rencontrons un morceau impénétrable de temps, une roche incassable, ce qu’aussi nous appelons un bi, nous voici devant ce bi de temps, nous n’en sommes pas désenvironnés, nous faisons le tour de cette obscurité, nous piétons dans la moindre ravine ou le plus petit cap, jusqu’à entrer dans la chose. L’éclat des temps tout comme les éclats du temps n’égarent pas, dans nos pays. »
« La pensée archipélique convient à l’allure de nos mondes. Elle en emprunte l’ambigu, le fragile, le dérivé. Elle consent à la pratique du détour, qui n’est pas fuite ni renoncement. Elle reconnaît la portée des imaginaires de la Trace, qu’elle ratifie. Est-ce là renoncer à se gouverner ? Non, c’est s’accorder à ce qui du monde s’est diffusé en archipels précisément, ces sortes de diversités dans l’étendue, qui pourtant rallient des rives et marient des horizons. Nous nous apercevons de ce qu’il y avait de continental, d’épais et qui pesait sur nous, dans les somptueuses pensées de système qui jusqu’à ce jour ont régi l’Histoire des humanités, et qui ne sont plus adéquates à nos éclatements, à nos histoires ni à nos moins somptueuses errances. La pensée de l’archipel, des archipels, nous ouvre ces mers. »
Traité du Tout-Monde (1997)
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